samedi 1 septembre 2012

Réponse à Caroline Eliacheff


Michel Hervé Navoiseau-Bertaux                                                      Madame Caroline Eliacheff
89 rue d'Hauteville                                                                           2 rue de Fürstenberg
75010 Paris                                                                                     750006 Paris

h.navoiseau@gmail.com




Paris, le 1er septembre 2012,

Madame,

"How many foreskins will it take till they know
That too many children have screamed?"

Votre canular du Huffington Post caricature les arguments des religieux qui prétendent faire la leçon aux magistrats du tribunal de grande instance de Cologne. Ces derniers, pour condamner la barbarie de la mutilation sexuelle masculine, se sont fondés sur les droits fondamentaux des enfants reconnus par toutes déclarations et conventions internationales. Mais, pas davantage qu'eux – officiellement au moins – vous ne vous êtes rendue compte que la circoncision viole l'article 5 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'Organisation des Nations Unies, le principe 10 de la Déclaration universelle des droits de l'enfant de cette même organisation, et les articles 222-9 et 222-10 du code pénal (comme précédemment affirmé par un jugement du tribunal correctionnel de Turku [Finlande]) :

"Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants."

"L'enfant doit être protégé contre les pratiques qui peuvent pousser à la discrimination raciale, à la discrimination religieuse ou à toute autre forme de discrimination."

"Les violences ayant entraîné mutilation ou infirmité permanente sont punies de quinze ans de réclusion criminelle lorsqu'elles commises avec préméditation… "

Pas davantage qu'eux donc, vous n'avez mentionné le fait que les mutilations sexuelles sont à la fois une torture et un racisme artificiel masqué derrière culture, tradition, religion et folklore. Car les mutilateurs discriminent leurs enfants, leurs communautés et le reste de l'humanité par un racisme pire que le racisme ordinaire ; c'est du néo-Gobineau (il s'agit de conférer à la communauté une prétendue supériorité morale et même physique) dont le quasi-clonage est mis en œuvre par Mengele. Car les mythes/rumeurs de l'excision masculine sont une odieuse manipulation visant à faire croire aux jeunes femmes que les "non-circoncis" sont débauchés, sans hygiène, mauvais amants et, dans les cultures qui pratiquent la mutilation après l'âge de la parole, lâches ("Un non-circoncis n'est pas un homme." - proverbe africain). Tout cela dans le but d'assurer la possession des femmes par l'endogamie et, comme reconnu, voire dénoncé dans un canular historique par le philosophe libre-penseur juif Maïmonide, la cohésion et la perpétuation de la communauté. La chose est particulièrement claire pour la mutilation féminine. Au lieu de dénoncer les parents aux autorités, des médecins charlatans la pratiquent à la demande des racistes qui, dans nos pays, affirment : "Si on ne le fait pas, elles ne trouveront pas de mari." ; dans l'ethnie peut-être !

Concernant la torture, votre transcription du canularesque passage contre la circoncision d'un disciple français de Freud omet les termes : "cette délicate attention". Or Jacques Lacan visait justement par là votre première omission. Ces termes montrent en effet que, dans le but de stigmatiser l'extravagante prétention de la barbarie primitive d'en rajouter sur la différence des sexes en supprimant l'organe spécifique d'une sexualité que Freud qualifie bien à la légère d'infantile, il ne faisait pas seulement semblant d'attaquer la notion de bisexualité chère à Freud. Pour ne rien dire du traumatisme psychique, il se montrait aussi sensible à la douleur des enfants. Il est caractéristique que, quelques lignes plus loin il énonce la loi de la perversion : "Le désir, c'est la loi.", au lieu de la loi d'amour.

Car on ne fait pas de canulars sur la pédocriminalité. Tout au long de son œuvre, le père de la psychanalyse a dénoncé la mutilation sexuelle qui conduit parfois les plus barbares à pratiquer celle de votre propre sexe. A sa suite, Alice Miller a dénoncé ces excisions comme "les plus grands crimes contre l'humanité". Qu'au 12ème siècle le rabbin Maïmonide n'ait pas trouvé d'autre moyen que le canular pour condamner l'excision du prépuce est compréhensible. Les disciples de Freud n'ont pas ce droit.

Enfin, la docteure en médecine peut ignorer le code pénal mais pas l'article 41 du code de déontologie médicale qui le reprend pour affirmer :

"Aucune intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux…."

Les juges allemands paraissent l'avoir oublié lorsqu'ils ont concédé aux religieux qu'on pourrait opter pour la mutilation masculine à l'âge adulte.

Il est inadmissible qu'une docteure en médecine mette en doute le caractère irréparable de la mutilation de la lèvre du gland que le docteur Foldès lui-même est impuissant à restaurer. Tout se passe comme si vous croyiez dur comme fer que l'organe spécifique de l'autosexualité féminine n'aurait pas, dans l'autre sexe, son symétrique inverse, fonctionnel et anatomique. Mais pas davantage qu'un circoncis ignorant de ce qu'il a perdu, une porteuse de clitoris n'a le droit de colporter la baliverne selon laquelle le prépuce serait "un bout de peau inutile" (c'est un célibataire qui signe cette lettre).

Les sacrifices humains doivent être abolis au plus vite. C'est pourquoi je vous prie de signer et de faire signer la lettre pour la protection des enfants déposée auprès du gouvernement et du parlement allemands par six cent médecins et juristes allemands, dont plusieurs juifs.

Je vous demande d'agréer l'expression de mes sentiments distingués,




P.S. : "Le Professeur Matthias Franz invite tous les médecins, juristes, psychologues, universitaires et associations à signer la lettre. C'est possible par courriel adressé à : Leth@med.uni-duesseldorf.de."


copie : Mme la ministre de la justice, M le défenseur des droits, M le grand rabbin de France, M le recteur de la mosquée de Paris, Mrs les présidents de la LICRA, de la LDH, du MRAP et de SOS Racisme, Mme Edwige Antier, M André Comte-Sponville, M Régis Debray, M Jacques Duprey, M Michel Erlich, M Luc Ferry, M Alain Finkielkraut, Mme Geneviève Garrigos, Mme Isabelle Gillette-Faye, M André Glucksman, M André Green, Mme Claude Halmos, M Michel Houellebecq, M Bernard-Henry Lévy, M Aldo Naouri, M Michel Onfray, M Jacques Rancière, Mme Elisabeth Roudinesco, M Michel Serres, M Claude Sureau, M Pierre-André Taguieff, Mme Simone Veil, Me Linda Weil-Curiel, M Elie Wiesel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire