jeudi 9 mars 2017

Traduction de "Circumcision", par George Wald, prix Nobel de médecine


George Wald. La circoncision. 1975.

Chaque année, début février, après ma dernière conférence à Harvard, je vais me reposer un moment dans l'arrière-pays. En février dernier, ce fut au Mexique, pour visiter deux tribus indiennes isolées de la Sierra Madre. En chemin, je me suis arrêté pour donner une conférence à l'Université d'état de Floride à Tallahassee. C'était une grande conférence publique, suivie d'une discussion et d'une réception.

Vers la fin, un jeune homme est venu me trouver, barbu, beaucoup de cheveux, chemise ouverte, jeans[1]. Il m'a présenté son épouse et sa mère, une femme imposante, portant le bébé du jeune couple, âgé de sept mois . "Quand quittez-vous Tallahassee ?" m'a-t-il demandé. Je lui ai parlé d'un vol pour Atlanta le lendemain matin à sept heures, pour aller prendre l'avion pour Mexico. "Puis-je vous conduire à l'aéroport ?" "Oui, merci." lui ai-je dit sans réfléchir, "si votre voiture marche." "Nous en avons trois." dit-il, "et l'une d'elle marchera sûrement."

Et, à six heures lendemain matin, il est venu me chercher et nous partîmes pour l'aéroport. Après un moment, il me dit : "Avez-vous beaucoup réfléchi à la circoncision ?"

"Non," dis-je, un peu surpris, "Je n'y ai jamais réfléchi."

"Eh bien, j'y ai beaucoup pensé", dit-il, "J'y pense depuis des années. Je pense que c'est une chose terrible à faire à un nourrisson qui vient de commencer le combat de la vie, qui vient de quitter la chaleur et la sécurité de la matrice pour arriver dans un monde froid et étranger, de le saluer au couteau, par une mutilation. Je n'ai jamais pu pardonner cela à ma mère."

"Il ya quelques années," poursuivit-il, "j'ai réalisé que pour faire de nouveaux progrès dans mes réflexions, je devais les rendre publiques. Alors, j'ai préparé quelques panneaux soigneusement calligraphiés; et comme il y avait du vent, j'ai demandé à mon jeune frère de venir m'aider à les transporter. J'ai parlé à mon père de notre projet. "Eh bien, mon fils," me dit-il "Tu sais que je t'ai presque toujours soutenu, mais je crois que je vais m'abstenir cette fois-ci."

"Nous sommes allés à l'entrée d'un grand hôpital général sur une route principale et avons commencé notre manifestation. L'un des panneaux disait : LA CIRCONCISION EST UN CRIME SEXUEL. L'autre : CRIMINELS SEXUELS A LOUER ? DEMANDEZ ICI.

"Presque toutes les voitures qui sont passées ont ralenti pour lire nos panneaux. Puis quelque chose d'intéressant est survenu. Il y avait une différence dans la manière dont les hommes et les femmes réagissaient. Certains de ces hommes étaient avec nous. Ils penchaient, saluaient de la main, et disaient des choses comme : "Bien dit, garçons !" Et "Bravo !"

"Mais les femmes étaient furieuses. Elles nous montraient le poing, et certaines s'arrêtaient pour nous insulter. Vous seriez surpris de leur langage."

"Au bout d'un moment, la police est venue et nous a arrêtés pour trouble à l'ordre public. Nous avons passé l'après-midi en prison, versé une caution et nous sommes rentrés à la maison."

Pendant ce temps, nous étions arrivés à l'aéroport. Mon avion était en retard, aussi, nous nous sommes assis et avons continué à parler. Jusque-là, j'avais écouté, intéressé, un peu amusé, pas impliqué. Soudain, il a dit quelque chose qui m'a frappé.

"Il me semble," dit-il, "que le prépuce est l'élément féminin du mâle. C'est de la chair entourant chaudement le pénis; une sorte de vagin masculin." "Mon dieu !" dis-je," C'est merveilleux ! Parce qu'on nous a toujours dit que le clitoris est l'élément mâle de la femelle ! "Et je lui ai parlé des Dogons.

L'événement primitif : un rite d'initiation

Les Dogons sont un peuple d'Afrique occidentale vivant au Mali, au sud de la grande boucle du Niger. Il y a longtemps que je me suis intéressé à eux, à travers leurs très originales sculptures sur bois. J'ai eu l'espoir de les visiter en avril dernier; mais juste avant de partir, j'ai appris que le mois d'avril est le pire de l'année dans cette région : des températures proches de 40 degrés et des pluies torrentielles rendant les routes impraticables. Aussi, j'ai dû y renoncer.

Les Dogons ont un extraordinaire mythe de la création. La déesse primitive, Amma, a fait la terre avec de l'argile avec la forme d'une femme couchée sur le dos. Puis, Amma, étant solitaire, a voulu copuler avec elle. Son vagin était une fourmilière; mais à côté, il y avait un clitoris : une termitière. (Ces éléments me sont devenus plus clairs lorsque je suis tombé sur une photo d'un champ de termitières. Ce ne sont pas de larges, éminences arrondies comme les fourmilières, mais de minces et hautes colonnes phalliques).

Comme Amma approchait la Terre pour copuler avec elle, l'élément mâle, la termitière, se souleva contre lui. Aussi, elle dut d'abord la détruire.

Soudain, tout s'est remis en place. Les Dogons, comme beaucoup d'autres peuples africains, circoncisent les garçons et excisent les filles, non dans la petite enfance, mais à ou près de la puberté, comme rite d'initiation. Chez les filles, le clitoris est coupé, avec les petites lèvres dans certaines tribus. Jusqu'à la puberté, chaque enfant Dogon est estimé être à un certain degré bisexuel, gynandromorphe ; et cela est acceptable, parce qu'il n’y a pas encore de rôle sexuel sérieux à remplir. Mais alors, en préparation à la vie adulte, les garçons sont rendus entièrement mâles en leur enlevant le prépuce, leur organe femelle; et les filles sont faites entièrement femelles par l'excision du clitoris.

Il n'y a pas besoin d'improviser cette interprétation. Les traditions tribales l'affirment clairement. Donc, en parlant de la création de l'homme: "chaque être humain a d'abord été doté de deux âmes de sexe différent. Chez l'homme, l'âme féminine a été située dans le prépuce; chez la femme, l'âme masculine est dans le clitoris. . . La double âme est un danger ; un homme doit être mâle, une femme femelle. Circoncision et l'excision sont le remède."[2]

Je n'ai aucun doute que c'est la signification primitive dominante de la circoncision et de l'excision : que, androgyne à un certain degré dans la petite enfance, les enfants ont leurs rôles sexuels établis sans équivoque à ou près de la puberté par l'ablation du prépuce des garçons et du clitoris des filles.

Ces pratiques sont anciennes et très répandues. Elles sont apparues sur tous les continents. "Les corps d'Egyptiens exhumés des premiers cimetières préhistoriques, avant 4000 ans avant JC, ont révélé des preuves de circoncision chaque fois que le corps est suffisamment bien conservé pour rendre l'observation possible. Une réalisation de l'opération par un chirurgien égyptien est représentée sur un bas-relief d'un tombeau égyptien du vingt-septième ou vingt-huitième siècle avant JC dans le cimetière de Memphis. "[3] Ce grand égyptologue croit que les anciens Hébreux, conduits par Moïse, "né en Egypte et portant un nom égyptien" (Moïse = enfant de, comme dans les noms pharaoniques Ahmose, Thoutmosis), ont emprunté des Egyptiens à la fois le monothéisme du pharaon Akhenaton, le rite de la circoncision et l'interdiction de manger du porc. Pourtant, chez les anciens Egyptiens aussi, la circoncision était un rite de puberté, réalisé à 6-14 ans.

Il est curieux que jusqu'à une époque relativement récente, la circoncision n'a jamais exclut les Juifs de leurs voisins. La coutume a prévalu non seulement chez les anciens Egyptiens, mais aussi chez les peuples sémitiques au milieu desquels les Juifs ont continué à vivre : Moabites, Ammonites, Edomites, Phéniciens. La circoncision a beaucoup plus tendu à diviser les Sémites des non -sémites que les juifs des autres. Pour les anciens Juifs, l'incarnation des incirconcis était les Philistins, un peuple non-sémitique de gens de la mer, probablement Crétois ; jusqu'au neuvième siècle. Ils ont aussi rencontré les Assyriens, Sémites également incirconcis.

A l'avènement du Prophète, la circoncision est devenue universelle chez les musulmans, accompagnée par l'excision dans certains groupes. Elle est pratiquée rituellement par de nombreux peuples d'Afrique centrale et de l'ouest, incluant les Ethiopiens, de nombreux aborigènes australiens, les Malais, les Fidjiens et les Samoens et des tribus indiennes d'Amérique du Nord et du Sud. (Je possède une bouteille à étrier précolombienne de la région de Vicus au Pérou, dont le bec a la forme d'un pénis circoncis en érection)

Le rôle le plus courant de la circoncision chez tous ces peuples est celui d'un rite d'initiation, effectué à ou à l'approche de la puberté, souvent en préparation directe de l'accouplement ou du mariage. Il y a des raisons de croire qu'il en a peut-être été de même chez les anciens Hébreux. Dans l'Église chrétienne ("copte") Ethiopienne, si les garçons sont circoncis dans la petite enfance, les filles sont excisées à ou à l'approche de la puberté. Autant que je sache, aucun autre peuple ne circoncit aussi tôt que les Juifs – le huitième jour – sauf aujourd'hui les Américains qui, en raison des exigences de la pratique hospitalière, sont susceptibles de circoncire leurs enfants le troisième ou quatrième jour [4].

L'idée qu'elle a commencé et fonctionne encore comme une médecine préventive parcourt toutes les discussions modernes sur la circoncision. Les adultes qui ont besoin de se faire circoncire à cause de certains troubles du pénis ont toujours la malpropreté à l'origine de leur trouble. John Morrison, un médecin australien, observe qu'en Australie, la circoncision rituelle n'est pratiquée que par les tribus qui vivent dans des conditions désertiques, dans lesquelles la combinaison de sable, de vent et la pénurie d'eau pour se laver aurait souvent rendu la circoncision nécessaire plus tard dans la vie, si elle n'avait pas été effectuée dans l'enfance. Il suggère que des environnements similaires peuvent l'avoir emporté partout ailleurs où cette coutume a surgi dans le monde (Medical Journal of Australia, 1967, p.125). [5]

Il peut bien être vrai que des millénaires d'expériences douloureuses aient eu un rôle dans le développement de la circoncision comme mesure de santé ritualisée. Cependant, cela ne peut tout expliquer, ni même probablement être un motif dominant. D'un côté cela ne s'applique pas à la pratique parallèle de l'excision, que personne n'a tenté de défendre pour des raisons médicales. De l'autre cela ne s'applique pas à une grande variété d'autres mutilations des organes génitaux externes pratiqués par les peuples autochtones. Mais surtout, une telle chirurgie, effectuée dans des conditions primitives, doit toujours avoir présenté un grave danger. Même dans des conditions relativement impeccables dans un hôpital moderne, la circoncision provoque parfois des complications. Faite avec des outils grossiers dans la brousse ou dans le désert, elle doit souvent avoir provoqué des infections, des mutilations, et parfois la mort du sujet. Il est difficile d'évaluer quel avantage médical la circoncision pourrait offrir dans de telles conditions.

Il me semble très à propos de dire que les anciens Juifs, loin de regarder la circoncision comme une mesure de santé, la considéraient comme une opération dangereuse. Ainsi, il a été décidé très tôt que ce rituel devait être épargné à enfant dont le frère était mort à la suite de sa circoncision. Lors de la cérémonie de la circoncision, la chaise spéciale dite réservée à Élie est laissée en place pendant trois jours, parce que ce sont des jours de danger pour l'enfant. Moïse Maïmonide, rabbin du Caire au douzième siècle et médecin de la cour de Saladin, a clairement exposé la question: "Personne ne devrait circoncire lui-même ou son fils pour toute autre raison que de pure foi ; parce que la circoncision ne ressemble pas à une incision sur la jambe ou une marque sur le bras, mais est une opération très difficile."[6] Considérer le rituel juif de la circoncision comme une prophylaxie primitive est une extrapolation de recul médical moderne équivalente à l'idée que l'interdiction de manger du porc était de prévenir la trichinose.

Comme il fallait s'y attendre, le rite de la circoncision a également excité un grand intérêt psychanalytique. Sigmund Freud l'a prise pour une représentation de la castration symbolique des fils par des pères jaloux.[7] Il ya peu de preuves anthropologiques pour soutenir ce point de vue. Il implique une prise de conscience primitive du rôle de l'homme dans la procréation qui faisait généralement défaut, ainsi qu'un intérêt pour la castration qui, autant que nous sachions, ne s'est jamais développé que dans les peuples relativement sophistiqués et dans de toutes autres associations. Bruno Bettelheim a suggéré une alternative ingénieuse : que la circoncision peut représenter une tentative de la part des hommes d'imiter symboliquement les rôles caractéristiques des femmes en matière de reproduction, y compris des saignements à la puberté [ 8 ]

C'est pour moi un soulagement que de se détourner d'interprétations aussi baroques pour la simple rationalité de la vision traditionnelle déjà exprimée : qu'en général sous la forme d'une cérémonie de puberté, la circoncision vise à rendre les garçons entièrement mâles, et l'excision à rendre les filles entièrement féminines. C'est, je pense, le point de vue le plus répandu parmi les peuples mêmes qui ont pratiqué ces rites. Je pense que c'est la meilleure rationalisation à laquelle nous parviendrons jamais.

Je trouve aussi que le concept de bisexualité innée du corps humain, est non seulement attrayant, mais encore bien fondé anatomiquement et embryologiquement. Chez le fœtus humain, les organes génitaux externes sont identiques pour les deux sexes jusqu'à la fin du troisième mois. Puis ils commencent à se différencier. Le rudiment qui forme le pénis avec son prépuce du clitoris chez le mâle devient le clitoris avec sa gaine chez la femelle. Les plis qui deviennent les grandes lèvres de la femme deviennent le scrotum chez les mâles. (Il n'y a pas d'homologue masculin du vagin.) Les hommes gardent des mamelons rudimentaires tout au long de la vie, qui, par un traitement par œstrogènes, peuvent se développer en seins mais jamais allaiter. (Des autochtones ont-ils jamais excisé les mamelons chez l'homme à la puberté ?)

Le corps humain est gynandromorphique dès l'origine, le reste à quelque degré jusqu'à la puberté, et conserve des vestiges de cette condition long de la vie. Anatomiquement, mâle et femelle sont des variations sur le même thème central. C'est la réalité ; ce qui nous intéresse ici sont les mutilations pratiquées pour déformer cette réalité intrinsèque.

Celles-ci sont étonnantes dans leur étendue et variété. Les peuples du monde entier ont fait preuve d'une préoccupation obsessionnelle pour les organes génitaux externes (et aussi pour la bouche : moustaches témoins, peinture de la bouche, extenseurs de lèvres, couvrant la bouche ou voilant la partie inférieure du visage. Alimentation et reproduction sont les deux grands instincts primaires). Les organes génitaux ont tendance à être cachés, souvent quand rien d'autre ne l'est. Inversement, les hommes peuvent les exhiber comme avec les braguettes européennes du 16ème siècle ; ou les gaines de courge avec lesquelles les tribus Dani de l'ouest de la Nouvelle-Guinée tiennent leurs membres dressés et en exagèrent grandement la longueur (R. Gardner et KG Heider : Jardins de guerre, Random House, NY, 1968).

Certaines mutilations sont cosmétiques : les membres masculins sont rendus plus attrayants par les scarifications et les déformations par gonflements et protubérances. Dans certaines tribus africaines les petites lèvres sont volontairement allongées de façon à être visibles de l'extérieur. Certaines mutilations ont à voir avec l'obligation de la virginité. Certains des Arabes africains pratiquent l'infibulation : l'entrée du vagin est cousue et partiellement fermée de sorte que la copulation est impossible jusqu'à ce que cette obstruction soit enlevée. Une mutilation masculine est particulièrement remarquable ; certaines des tribus australiennes qui pratiquent la circoncision la font suivre plus tard par ce qu'on appelle la subincision ; le pénis est fendu par-dessous sur toute sa longueur, laissant ouvert le canal de l'urètre, de sorte que par la suite, l'homme doit s'accroupir pour uriner, comme une femme. Le membre est encore capable d'érection et de copulation ; mais je pense doit être moins efficace pour déposer le sperme sur le col. Serait-ce une technique primitive de contraception ? Ou une manifestation particulièrement frappante de l'envie de la mère de Bruno Bettelheim ?

C'est dans ce contexte sans d'incessantes pratiques bizarres et d'explications grotesques que j'isole comme plus raisonnable et significative l'idée de la circoncision comme rite de puberté, avec l'excision en parallèle chez les filles. Avant la puberté, un certain degré de gynandromorphie est toléré chez les deux sexes ; mais à la puberté, lorsque le sexe commence à être vraiment important, ces mutilations rituelles transforment les garçons en purs hommes, et les filles en pures femelles, en initiation à l'âge adulte et en préparation au mariage et à la parentalité.

Le rite juif

Le rite juif de la circoncision est encore autre chose, confiné aux hommes et opéré dans plus tendre enfance. Il reste pourtant des vestiges de sa source possible comme rite de puberté ; ainsi, par exemple, le nouveau-né de huit jours est salué comme époux "chatan".

L'injonction biblique de circoncire d'abord apparaît sous la forme la plus pesante possible : sceller l'alliance entre Dieu et Abraham, père des nations : "Et Dieu dit à Abraham : "Ceci est mon alliance, que vous garderez entre moi et vous et vos descendants après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Celui qui est âgé de 8 jours parmi vous sera circoncis et celui qui est né dans ta maison et celui qui est acheté avec ton argent. Ainsi mon alliance sera dans votre chair une alliance perpétuelle. Tout mâle incirconcis sera retranché de son peuple : il a violé mon alliance" (Genèse 17 : 9-14).

Abraham avait alors quatre vingt dix neuf ans. Dieu avait à peine fini de parler à Abraham que ce dernier circoncit lui et son fils de 13 ans Ismaël – donc un garçon pubère, ainsi que tous ses esclaves mâles. Les esclaves devinrent-ils ainsi juifs ? Mon ami rabbin, étudiant en profondeur ces questions, me dit : "Presque." Ils devinrent pour ainsi dire des juifs de seconde classe. Tous ceux qui ont été libérés par la suite, ont été acceptés en tant que juifs à part entière. Par contre, les esclaves qui échappèrent à la circoncision durent être vendus à des Gentils.

La circoncision est l'un des rites juifs les plus sacrés et les plus universels, et pourtant, il a ses limites. On pourrait penser que le commandement de circoncire est si absolu qu'il ne permet aucune équivoque. Il est étonnant de constater qu'au contraire, tout fils d'une mère juive est entièrement juif, circoncis ou non. Un juif dont le frère est mort à la suite de la circoncision est dispensé de cette obligation. La Bible contient d'autres bizarreries intéressantes.

La circoncision différée. Lorsque Josué conduisit les Israélites au-delà du Jourdain pour revendiquer la terre promise, dieu lui enjoignit, parmi les cérémonies d'investiture, de "fabriquer des couteaux de silex et circoncire le peuple d'Israël". Car, bien que tous les juifs qui étaient sortis d'Egypte aient été circoncis, ce ne était pas vrai de ceux nés pendant les 40 années d'errance dans le désert. Aussi, cela a été fait alors à tous les hommes de la nation, certains d'entre eux âgés de 40 ans, sur la Colline des prépuces. Ils se sont reposés dans le camp jusqu'à la guérison avant de continuer ( Josué 5 : 2-8 ).

La circoncision comme tactique militaire. Lorsque de ses errances, Jacob, avec sa famille arriva dans la ville de Sichem au pays de Canaan, sa fille Dina alla rendre visite aux femmes de la ville. Le prince de Sichem la saisit et la viola ; mais aussi tomba amoureux d'elle et voulu l'épouser. Mais les fils de Jacob furent scandalisés de l'indignité faite à leur famille, et voulurent se venger. Le roi intercéda pour son fils, et proposa que Jacob reste à Sichem et que les deux peuples se fusionnent. Les fils de Jacob exigèrent que tous les hommes Séchemites soient circoncis. Ils acceptèrent et subirent tous le rite. "Le troisième jour, alors qu'ils étaient souffrants, les deux fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, prirent leurs épées, s'emparèrent à l'improviste de la ville, et tuèrent tous les mâles." Alors ils prirent tout pour eux, y compris les femmes et les enfants ; et ramenèrent Dinah. Jacob leur reprocha cet acte, mais seulement parce qu'il était de mauvaise politique (Genèse 34). Pourtant, il semble l'avoir gardé en mémoire, car sur son lit de mort il maudit leur férocité et leur cruauté, et il les laissa sans terre seuls parmi tous ses fils (Genèse 49 : 5-7).

La circoncision comme trophée de batailles. Saul offrit sa fille Michal comme femme à David parce qu'elle l'aimait, mais aussi parce que Saul, jaloux de la popularité de David, prévoyait par ruse que les Philistins le débarrasseraient d'un rival potentiel. Alors, quand David refusa modestement, plaidant son insignifiance et sa pauvreté, Saul lui répondit que tout ce qu'il demandait comme prix de la mariée était cent prépuces de Philistins. Cela fit plaisir à David. Il apporta au roi deux cents prépuces et épousa la princesse (I Samuel 18 : 20-27).

Moïse a-t-il été circoncis ? On trouve un passage tout à fait étonnant dans l'Exode : 4 : 24-26. Il convient de rappeler que Moïse, après avoir tué un Egyptien qui avait maltraité un Hébreu, s'enfuit vers le Sinaï et, là, épousa Séphora, fille de Jéthro, prêtre de Madian. Alors que Moïse faisait paître le troupeau de son beau-père, Dieu lui parla depuis le buisson ardent, et lui ordonna de retourner en Egypte. Moïse était réticent à le faire, mais Dieu insista; et Moïse céda finalement. Il rassembla sa famille et prit le chemin de l'Egypte. Et voici le passage étonnant : "A un campement de nuit sur la route, le Seigneur le rencontra et chercha à le tuer. Séphora prit un silex et coupa le prépuce de son fils." et barbouilla du sang sur le sexe de Moïse (ma traduction dit : "toucha ses jambes avec" mais c'est une périphrase), en disant : "Tu es vraiment un époux par le sang !" Et quand le Seigneur le laissa tranquille, elle ajouta "Un époux par le sang à cause de la circoncision."


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire